Economie verte: opportunités à saisir!

Bruno Colmant

Contrecarrant l’idée reçue que croissance économique rime nécessairement avec augmentation des émissions de carbone, Euler Hermes a identifié quatre secteurs porteurs où l’économie verte offre des opportunités de croissance à moyen et long terme si les entreprises sont prêtes à investir dans des technologies nouvelles et à repenser leur stratégie principalement guidée par les coûts.

Aujourd’hui 22% des émissions totales de CO2 proviennent de la production d’énergie, encore largement d’origine fossile (soit 67% de la production), et donc à effet de serre. Alors que nos besoins en énergie ne cessent de croître sous l’effet combiné de la croissance démographique et de l’augmentation du niveau de vie, le résultat est celui-là: les émissions de carbone devraient doubler entre 2000 et 2030, portées notamment par le développement des pays émergents.

Malgré une prise de conscience internationale et une volonté d’atténuer les effets et de prévenir les émissions de carbone, Euler Hermes constate que du côté de la production énergétique, les solutions restent embryonnaires. La production d’énergies alternatives peine à croître, avec, en 2010, seulement 3% pour les biocarburants, 1% pour l’éolien et 0,2% pour le photovoltaïque, tandis que le nucléaire s’est stabilisé à 14%.

Pour réduire les émissions de CO2, au-delà de la production d’énergie, il devient urgent d’agir sur l’intensité énergique à la production de biens et services, notamment, dans les secteurs à forte émission de carbone. C’est le cas de la construction et de l’utilisation des bâtiments, aujourd’hui responsables de 30% des émissions mondiales de CO2. « Ce secteur offre de réelles perspectives pour l’économie verte tant en amont, à la conception des matériaux, que dans le domaine de la rénovation, comme l’isolation des bâtiments, note Ludovic Subran, Chef Economiste d’Euler Hermes. Nous évaluons le potentiel économique supplémentaire à réaliser à près de 20 milliards d’euros par an pour les vingt prochaines années. » 

Les perspectives sont également intéressantes dans le secteur des transports, responsable globalement de 20% des émissions de carbone (par route 18%, aérien 2%), dont les marges sont fortement dépendantes du coût de l’énergie. De nouvelles technologies existent, réduisant les émissions, telles que le moteur hybride dans l’automobile, mais elles sont encore chères. Dans l’industrie, deux secteurs en particulier représentent un potentiel de croissance verte: le ciment et la chimie. Ensemble, ils représentent 12% des émissions de CO2, en recul lent mais progressif. En effet, stimulés par des couts de production devenus difficilement soutenables, les cimentiers ont développé au cours des vingt dernières années des procédés de production nécessitant moins d’énergie pour un meilleur rendement. La chimie cherche également à contenir l’augmentation de ses émissions de CO2 (5% des émissions mondiales).

En période d’austérité budgétaire, les gouvernements vont certainement revoir à la baisse leurs incitations fiscales en faveur de l’économie verte. Il s’agit pourtant de mesures qui permettent de relancer la croissance à court terme (primes aux véhicules peu polluants, réductions fiscales sur installations photovoltaïques par exemple) et surtout de la rendre durable à long terme (investissements dans la R&D, nouveaux potentiels de marchés). « Les opportunités de croissance verte existent pour les entreprises à condition qu’elles investissent dans leur rentabilité à long terme, en acceptant au départ de rogner leur marge, pour réduire leurs coûts de production et surtout prendre des parts de marchés dans les secteurs porteurs, ajoute Ludovic Subran. Des incitations ciblées et régulières sont utiles, comme pour la voiture moins ‘carbonée’ ou les bâtiments à basse consommation énergétique. Cependant elles ne peuvent que soutenir des dynamiques sectorielles existantes cherchant à réduire les coûts et à capter de nouveaux segments. Ajouter une dimension ‘verte’ à l’arbitrage déjà ardu entre stimulation de croissance et réduction les déficits, semble compliqué. Pourtant, au vu des opportunités sectorielles, peut-être est-ce une idée pratique pour structurer davantage et intensifier le soutien au secteur privé. »

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